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Après son agression, une Égyptienne se voit reprocher sa tenue "provocante"


Capture d'écran d'une vidéo montrant des agents de sécurité escortant une étudiante vitctime de harcèlement dans un université du Caire.
 
Si les cas de harcèlement sexuel sont courants en Égypte, celui-ci a particulièrement choqué. D’une part parce que la jeune fille a été agressée par un groupe d’étudiants en plein jour sur un campus universitaire. D’autre part parce que le doyen de l’université, ainsi que des journalistes, se sont empressés d’évoquer sa tenue, la jugeant trop aguicheuse.
 
Les images de l’agression sexuelle, survenue dimanche 16 mars dans la faculté de droit de l'université du Caire, ont fait le tour des réseaux sociaux et ont été largement relayés par les chaînes de télévision locales. Postées le 17 mars sur YouTube, elles montrent la victime quelques instants après l’agression. Vêtue de leggings et d'un tee-shirt rose, la jeune femme est protégée par plusieurs agents de sécurité de l’université alors qu’un groupe d’étudiants la poursuit.
 
Vidéo montrant des agents de sécurité escortant l'étudiante vers la sorite de l'uniersité, tandis qu'une foule d'étudiants les poursuit. 
 
Selon les témoignages relayés par les médias égyptiens, la jeune fille se trouvait dans la cour de l’université quand une foule d’étudiants a commencé à l’insulter et tenté de la déshabiller. Elle s’est réfugiée dans des toilettes et a attendu l’arrivée des agents de sécurité, qui l’ont escorté jusqu’à un taxi à la sortie du campus.
 
Une vidéo qui montre l'exfiltration de l'étudiante d'un autre angle.
 
Invité à réagir sur la chaîne de télévision locale ONTV, Jaber Nasser, doyen de l’Université a affirmé que l’étudiante est entrée dans l'enceinte de l'Université vêtue d'une "abaya" (longue robe) par dessus ses habits "car la sécurité ne laisse pas entrer d'étudiants portant des tenues non conformes". D’après lui, la fille aurait enlevé son abaya une fois à l'intérieur. "L’université n'impose pas de tenue particulière aux étudiants, il faut toutefois respecter les coutumes et les traditions de notre société", a-t-il ajouté.  Une journaliste de la chaine de télévision Rotana Misriya est allé encore plus loin en reprochant à la jeune fille d’être habillée d’une manière "trop provocante, telle une danseuse de cabaret ".
 
Ces propos ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux et parmi les ONG de défense des droits des femmes, qui ont notamment réclamé la démission du doyen de l’université. Jaber Nasser s’est par la suite excusé, affirmant qu’il ne tenait pas la jeune fille pour responsable. Il a également annoncé l‘ouverture d’une enquête et promis que les responsables seraient poursuivis en justice.